LA LETTRE DE L'AFC

Association Française des Directeurs de la Photographie Cinématographique

Membre de la Fédération Européenne IMAGO

 

 

 

Numéro 91

La donnée blanche est la lumière en soi. Pour l’instant toute résistance est morte, et l’ensemble privé de mouvement, sans la moindre vie. Il faudra donc faire appel au noir et l’inciter au combat ; combattre la toute puissance amorphe de la lumière.

Paul Klee, Théorie de l’art moderne

Gonthier, Genève, 1968.

activité AFC

" Lumière sur les chefs opérateurs " est un festival organisé au Forum des images en collaboration avec la revue Positif, Fujifilm et l’AFC. Une série de projections de films et de rencontres se dérouleront du 9 au 17 septembre 2000.

Le coup de projecteur sur les chefs opérateurs français débutera le 9 septembre par les projections de Beau travail de Claire Denis (à 14 heures) et de Le Vent de la nuit de Philippe Garrel (à 16h30), présentées respectivement par Agnès Godard et Caroline Champetier. La soirée se poursuivra avec Eduardo Serra pour la projection du Mari de la coiffeuse de Patrice Leconte (à 19h) et se terminera avec Eric Gautier qui présentera en avant-première (à 21h) le film d’Arnaud Desplechin Esther Kahn.

Dimanche 10 septembre, journée consacrée à William Lubtchansky qui présentera trois films : à 14 heures, Le Petit criminel de Jacques Doillon, à 19h, Adieu, plancher des vaches ! d’Otar Iosseliani et, à 21h30, La Femme d’à côté de François Truffaut. A 16h30, aura lieu une table ronde intitulée " La lumière au cinéma " animée par Michel Ciment et N.T. Binh et en présence de plusieurs directeurs de la photo de l’AFC.

Jeudi 14 septembre, c’est Ricardo Aronovich qui présentera quatre films : à 14h, Les Fusils de Ruy Guerra, à 16h30, Les Autres d’Hugo Santiago, à 19h, Providence d’Alain Resnais et à 21h30, L’Important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski.

Vendredi 15 septembre, journée consacrée à Pierre Lhomme autour de quatre films : à 14h, Le Combat dans l’île d’Alain Cavalier, à 16h30, Mortelle randonnée de Claude Miller, à 19h, Quatre nuits d’un rêveur de Robert Bresson et à 21h30, Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau.

Seront également à l’honneur :

Kazuo Miyagawa, le 12,

Jack Cardiff, le 13,

Michael Ballhaus le 16 et

Giuseppe Lanci, le 17.

Forum des images,

Porte Saint-Eustache,

Forum des Halles.

" Sculpteurs de Lumières ". Hommage aux directeurs de la photographie sous les habits d'une exposition, du 11 septembre 2000 au 14 janvier 2001.

La BiFi (Bibliothèque du film) organise une série d'expositions sur les métiers du cinéma. Ce cycle débutera par un hommage aux directeurs de la photo qui, en partenariat avec le Forum des images, la revue Positif et l'AFC, s'articulera autour des quatre personnalités que sont, pour ne pas les nommer, Renato Berta, Caroline Champetier, Eric Gautier et Pierre Lhomme.

Cette exposition se déroulera en deux temps :

- Du 11 septembre au 31 octobre, un premier volet sera plus particulièrement consacré à Pierre Lhomme, à son parcours et au style dont il a su imprégner les œuvres auxquelles il a collaboré, celles de réalisateurs tels Robert Bresson, Alain Cavalier, Marguerite Duras, Jean Eustache, James Ivory, Chris Marker, Claude Miller ou Jean-Paul Rappeneau... Les documents exposés - photographies personnelles, photos de tournage, photogrammes - et un extrait de film - la séquence finale de Cyrano - s’attacheront à retracer la cohérence de ce parcours et les différentes étapes qui le jalonnent.

- Du 9 novembre au 14 janvier, un deuxième volet s’attardera sur des aspects plus spécifiques du travail du chef opérateur en présentant les témoignages de Renato Berta sur sa collaboration avec Jacques Saulnier pour Smoking, No smoking, de Caroline Champetier sur le travail d’homogénéisation des images après tournage et d’Eric Gautier sur son dialogue avec les réalisateurs Olivier Assayas et Arnaud Desplechin.

Une plaquette sur le métier de directeur de la photographie, sur ceux de ses collaborateurs, sur la constitution des rôles au fil du temps en France et aux Etats-Unis ainsi que sur les formations a été concoctée tout spécialement pour le public de la BiFi par notre membre consultant et néanmoins ami Marc Salomon.

La date de la soirée à la BiFi autour de l'exposition sur les directeurs de la photographie est avancée. Elle aura lieu le 10 octobre à partir de 19h. Les membres de l'AFC, partenaire de l'exposition, les membres associés, tous les professionnels (laboratoires et producteurs) et les réalisateurs dont les films sont cités y sont conviés.

 

Exposition " Sculpteurs de lumières "

Du 11 septembre au 31 octobre 2000

et du 9 novembre au 14 janvier 2001

à la BiFi,

100, faubourg Saint-Antoine,

Paris 12ème

Tél. : 01 53 02 22 40.

Caméras cherchent opérateurs-réalisateurs…

Nous vous rappelons que la société Sony nous a prêté jusqu’au 9 octobre deux caméras DVCam DSR-PD150P.

Notre intention était, dans un premier temps, de réaliser des entretiens avec des créateurs – réalisateurs, décorateurs, chef électriciens, etc. - ou toute personne qui nous semblerait intéressante, à propos de l’image, de la lumière, sujets qui sont censés nous intéresser au premier chef et d’en montrer des extraits " bruts " lors de la fête organisée pour le dixième anniversaire de notre chère association.

Dans un avenir plus lointain, nous voudrions constituer des archives qui pourraient être la source de documentaires sur notre métier, ses intervenants et nos conceptions de la lumière. Ce projet demande à être mûri et nourri d’une large réflexion au sein de l’AFC afin d’en déterminer la forme définitive.

Pour l’instant, seul Jimmy Glasberg a tourné quelques cassettes ; il vous en parle un peu plus loin.

Quelques autres membres se sont manifestés et préparent leurs tournages, mais il y a encore des places !

Profitez donc de cette occasion pour mettre devant la caméra vos réalisateurs ou collaborateurs favoris ou pourquoi pas votre petite cousine de Romorantin ou votre arrière grand-père monténégrin (les caméras sont assurées pour l’Europe entière) !

Elles vous attendent au bureau. Appelez Claire pour connaître leurs disponibilités. Les premiers arrivés seront les premiers servis.

Des " Hommes à la caméra " par Jimmy Glasberg

Une récente approche de la cinématographie est liée à l'utilisation des petites caméras type " caméra-poing " (voir le mémoire de recherche de Céline Pagny de l'ENS Louis Lumière dirigé par Pierre Maillot et moi-même).

Celles-ci donnent à la mise en image une expression différente.

Mes récentes expériences de tournages - mise en images du documentaire de long métrage musical de Fernando Trueba, Latin jazz, tourné à N.Y. et en cours de finitions, avec ce type d'appareil (mini-DV modèle PD 100 Sony) et tournage de Ma chair et mon sang, fiction de 90 minutes réalisée par Brigitte Roüan pour la série d’Arte " Petite caméra " - m'ont inspiré quelques réflexions. Les ambiguïtés et les paradoxes engendrés par cette nouvelle forme de tournage posent de vraies questions sur les méthodes de travail. Les techniques d'écriture du scénario, le style cinématographique, la production et postproduction de ce genre de film doivent être abordés d'une façon globale. Les arguments idéologiques proposés par le " Dogme 95 " ont souvent été réduits en " dogme économique " sans aborder les questions fondamentales de l'éthique cinématographique.

La vulgarisation de la technique, la simplification et l'automatisation des outils entraînent une banalisation du sens de l'image. La photographie numérique n'est plus pensée mais standardisée voire gadgetisée. On fait un cinéma de genre et non de sens. C'est un phénomène de mode. Les médias lancent des idées stéréotypées, une confusion générale envahit les esprits. Les productions veulent produire au moindre coût sans se poser de question. Le libéralisme économique sauvage profite de ces nouvelles possibilités techniques pour imposer sa loi.

Et pourtant ces nouveaux moyens techniques font évoluer la cinématographie. Le rapport " filmeur-filmé " est différent. Des cinéastes retrouvent le moyen de s'exprimer sans trop de contrainte économique. Des groupes de diffusion se créent. Un cinéma différent est en train de naître.

Je propose donc d'aborder une authentique réflexion théorique et pratique sur ce sujet.

Il est important que la jeune génération de cinéastes prenne en compte ces révolutions fondamentales. Les recherches esthétiques doivent être des recherches de sens. La fabrication de l'image est aujourd'hui de plus en plus proche des techniques virtuelles. Il faut donc parallèlement retrouver une dimension sensible, intuitive et authentique dans la pratique. D'un côté, la mondialisation des médias nivelle et formate les films pour en faire des produits ; de l'autre, les diverses identités culturelles peuvent s'exprimer à moindre frais.

Suite à la proposition faite dans la Lettre (confirmée par l'e-mail de Jean-Jacques et de Jean-Noël) de pouvoir utiliser la minicaméra numérique PD150, je suis allé aux Etats généraux du documentaire à Lussas, accompagné de Céline Pagny, avec une des caméras prêtées par Sony. Nous avons réalisé une série d'entretiens avec des réalisateurs, des universitaires, des journalistes et des producteurs. Ceci étant le point de départ d'un travail que nous souhaitons développer.

Il me semble important qu'une réflexion sur ces nouveaux moyens technologiques et leurs utilisations soit abordée. Nous sommes, malgré tout, des " hommes à la caméra " et nous nous devons de réfléchir au-delà de la technique sur l'acte de filmer, qui n'est jamais innocent.

Septembre 2000.

Dans le cadre des dix ans de l'AFC je me propose de monter des extraits des entretiens que nous avons réalisé à Lussas. Encore faut-il définir la durée et trouver les moyens de post-production.

Ont été filmés à Lussas :

Agnès Varda, réalisatrice, Jean-Louis Comolli, réalisateur – universitaire, Guy Seligman, réalisateur / producteur, président SCAM, Marcel Hanoun, réalisateur, Pavel Petchonkine, réalisateur, président du festival Flahertiana à Perm, Oural, Luiz Bolognesi, réalisateur du Brésil, Pierre-Oscar Lévy, réalisateur, Marc Huraux, réalisateur, Gérard de Sélys

journaliste et écrivain, Carole Desbarrats, directrice des études de la Femis, Claude Bailblé, universitaire, Yves Louchez, directeur général de la CST.

On liquide, tout doit disparaître…

Télécinéma et étalonnage vous dirait-il encore quelque chose ? C’est le titre d’un recueil rempli d’un nombre incalculable d’informations tout à fait passionnantes sur le sujet titre et écrites, avec passion, par Aude Humblet, à la demande expresse d’une certaine association de nos connaissances comprenant un nombre non moins certain de directeurs de la photographie… Abrégeons.

Le " livre d’Aude " se vend mal car on ne se l’arrache pas, loin s’en faut, et ça n’est pas du tout, du tout, du tout… ce pourquoi il a été édité. Bon sang ! Il va falloir s’y mettre… Peut-être lancer un concours, avec à la clef : primo, l’exonération de sa cotisation pour celui ou celle qui aurait réussi à vendre le plus grand nombre d’exemplaires de ce livre (c’est pour rire !) ; secundo, les remerciements de la CST qui nous a aidés à le mettre sous presse et envers qui nous sommes quelque peu redevables ; tertio, un sourire large jusqu’aux oreilles d’Aude en personne à qui nous devons, en plus de notre très vive reconnaissance, quelques menus droits d’auteur ! Ce qui, au bout du compte…

A nous maintenant, et il y a urgence, d’arborer un sourire enjôleur, de saisir bâton de pèlerin, carton de livres dans la besace, de faire marcher le bouche à oreille et, comme il est dit qu’en France tout fini par des chansons, de débiter votre boniment des grands jours pour chanter Télécinéma et étalonnage ! Merci pour nous tous…

En vente dans les boutiques de Bogard et de Panavision-Alga-Paris, également disponible à la CST ainsi qu’à l’AFC. (J.-N. Ferragut)

 

Les 10 ans de l’AFC.

Date de la fête : samedi 21 octobre, retenez cette date et envoyez-nous vite avant le 15/09 la liste des personnes que vous désirez inviter ! ! !

André Neau représentera l’AFC au festival d’Aigues-Mortes qui se déroulera les 29, 30 septembre et 1er octobre prochains.

L’Assemblée Générale annuelle d’Imago aura lieu le 9 décembre 2000, lors du Festival Camerimage, à Lodz en Pologne.

Nouveaux e-mail :

Patrick Blossier

patblo@club-internet.fr

Bertrand Chatry

bertrand.chatry@libertysurf.fr

Denys Clerval

denys.clerval@wanadoo.fr

Philippe Pavans

pavans@free.fr

chroniques de tournage

Un crime au paradis, un film de Jean Becker par Jean-Marie Dreujou

On m’avait demandé d’essayer de faire un petit reportage sur le film de Jean Becker, seulement voilà quand on travaille en même temps c’est très compliqué, enfin, pour moi. Je vais faire un petit compte rendu de ce tournage qui s’est terminé le 12 août.

Tout d’abord un petit résumé de l’histoire. Il s’agit d’un remake de La Poison film de Sacha Guitry avec Michel Simon. Jean Becker et Sébastien Japrisot ont situé l’histoire dans les années 1980, Jacques Villeret, André Dussolier et Josiane Balasko en sont les principaux personnages. L’histoire se déroule à la campagne et les décors sont, principalement, une ferme (Int. ext.), une place de village, un cabinet d’avocats, une prison et une salle de cour d’assises. Jean Becker a choisi de tourner ce film vite, avec deux caméras en permanence.

6 semaines de tournage, 34 jours, il ne fallait pas traîner. La première semaine se passe sans problèmes particuliers. La deuxième est plus délicate car nous tournons tous les intérieurs de la salle commune de la ferme, qui se passent tous en effet soir. La difficulté consiste donc à traiter les découvertes (2 fenêtres et une porte) et à gérer les entrées et les sorties. De plus cette salle commune n’est pas très grande, et nous tournons en Scope avec deux caméras, dont une sur un Steadicam. Pour les découvertes et les entrées, j’ai fait fabriquer des plaques de neutres (DN 0,3, 0,6 et 0,9) aux dimensions des fenêtres et de la porte et pour les ouvertures et fermetures nous installons un double tulle noir de 6m x 6m. Le système de plaques de neutres est très satisfaisant, car il est très rapide et supprime les plis de gélatine qui nous énervent à chaque fois. Sur une fenêtre plein sud, il nous arrive de superposer 4 plaques (3 0,9 plus une 0,6), le tout fixé en moins de trois minutes. Les autres semaines se déroulent sans trop de difficultés particulières, mis à part une scène qui se passe dans un cabinet d’avocats et qui durait 13 minutes. Nous avons mis en place cette séquence et nous avons commencé à tourner jusqu’au bout des magasins soit 10 minutes. Les deux caméras en mouvement pendant 10 minutes il faut se concentrer et quand la prise est finie, on respire. La dernière semaine fut la plus intéressante de toutes, du point de vue technique. Nous tournons dans une salle de cour d’assises à Grenoble. Trois séquences de jour et trois séquences de soir. Pour les séquences de jour, je dispose de 5 grandes fenêtres sur un côté ; malheureusement juste derrière ces fenêtres situées à 10 mètres du sol se trouve une rue que nous ne pouvons neutraliser. Je suis donc obligé de profiter du toit du théâtre voisin et pour que la lumière rentre dans la salle nous installons quatre 12 kW Cinepar avec la lentille la plus concentrée et deux 18 kW pour couvrir les 5 fenêtres. A l’intérieur un gros ballon de 16 kW gonflé à l’hélium, un autre de 8 kW et deux petits de 4 kW. Tous ces ballons sont équilibrés tungstène et sont sur des résistances ; pour équilibrer les HMI, je pose de la gélatine 85 sur les cinq fenêtres. Côté cameras, nous disposons de quatre caméras pour tourner toutes ces scènes. Une sur la Technocrane, une sur le Steadicam et les deux autres sur dolly, voilà de quoi s’occuper.

Pour les séquences de soir, je remplace les gélatines 85 par des gélatines neutres 1,2, je coupe tous les HMI extérieurs et je rajoute des lampes dans le décor. Les ballons sont disposés différemment et complétés avec des jupes noires. Nous tournons toujours avec nos quatre caméras. A la fin de la semaine, nous avons tourné 22 minutes et le film est terminé.

Même s’il est souvent très fatigant de travailler avec Jean Becker, car son système de mise en scène basé sur deux caméras en champ-contrechamp en mouvement est très contraignant pour la photographie, cela reste un vrai bonheur d’avoir affaire à un vrai metteur en scène.

Le film sortira au premier trimestre 2001, je pense pouvoir essayer le système de l’étalonnage numérique. Je n’hésiterai pas à vous faire part de mes expériences si j’étalonne le film de cette façon.

A suivre…

 

 

Brooklyn, N.Y.C., L.A., cet été par Willy Kurant

Un film " black ", réalisé par Louis C. K., un " stand up comedian " blanc devenu réalisateur, qui écrit les textes de Chris Rock, qui est aussi un des acteurs producteurs du film, mais la vedette est Lance Crouther, un autre " writer " qui se révélera un acteur étonnant... faisant lui-même ses cascades.

Titre Pooty Tang, produit par Cotty Chub, dont la compagnie s'appelle Alphaville, au sein de Paramount.

Un curieux mélange d'admirateurs de Kubrick, Godard, Bruce Lee et… Gainsbourg.

Température 40 degrés au quotidien, ou alors pluies torrentielles, facile pour les raccords.

Très bon labo, Technicolor New York. En variant mes temps de développement, la saturation des couleurs, la peau des acteurs, et le talent de mon étalonneur Joe V. donnent des résultats étonnants. C'est un film de " kung-fu comédie ", où l'arme est une ceinture, et où il n'y a pas de sang... bien loin de la " Blaxploitation ".

Arriflex 535 B car je tourne des scènes de combats en marche avant-marche arrière souvent à des vitesses élevées et en jouant avec l'obturateur souvent à 90° donc deux caméras 535 plus une 435 pour des vitesses supérieures, en me méfiant des créneaux " officiels " HMI à 60 périodes.

Je découvre aussi la nouvelle série Zeiss Ultra Primes. Une vraie merveille, sérieuse concurrence pour les S4 de Cooke... sauf le 20 mm qui doit avoir un défaut de conception, j'en ai essayé plusieurs.

Très bon tournage, après je rentre à L.A. où, dans mon courrier, j'apprends que Philippe Rousselot est un nouveau membre ASC, bonne nouvelle pour lui et son talent... Satisfaction des parrains : Vilmos Zsigmond, Steve Poster et moi-même.

Je ramène aussi pour la fête de l'AFC une cassette vidéo ASC où Warren Beatty parle des opérateurs avec lesquels il a travaillé, avec beaucoup de générosité et d'humour... son imitation de Storaro est assez irrésistible. Une autre petite note sur l'attitude des critiques US... La photo de Caroline Champetier a été couverte de louanges pour Alice et Martin, tant à New York qu’à L.A., et celle de Jean-Marie Dreujou pour La Fille sur le pont autant remarquée que couverte de compliments. L'analyse de la photo fait partie du métier de critique aux USA.

Bonne rentrée à tous, et j'ose espérer que nos " membres-célebrités " qui ne viennent jamais s’investissent un peu plus dans la vie de l'AFC.

willykurant@compusrve.com

Blackploitation : les années 70 reviennent en force. C’est le moment de revoir toutes ces perles kitsch produites pour le public noir américain ( de Shaft à Foxy Brown) et remises au goût du jour par des réalisateurs comme Quentin Tarantino. Elles sont répertoriées ici avec des affiches et des bandes sons. www.blackploitation.com/ (Télérama, 06/0900)

Billets d'humeur

L-F : 2. Lumière - fiction n°2 ou " Un été chez grand-père " par Jean-Noël Ferragut

Outre une attirance certaine pour le cinéma d'Asie et pour les premières œuvres du Taïwanais Hou Hsiao Hsien lorsqu'il raconte en images des histoires sans âge mêlant, avec justesse et sensibilité, tradition et modernité, quotidien et souvenirs d'enfance, il est des titres de films que l'association des mots qui les composent rend prémonitoires... Même si on lui préférera Poussières dans le vent pour les émotions qu'il suscite, Un été chez grand-père semblait, de ce point de vue, couler de source quand est venue l'idée d'écrire ce billet.

Alors que ce fichu été n'en finissait pas de se prélasser avant de daigner montrer le bout de son nez (était-ce par pure modestie, simple timidité ou divine paresse…), Une information lue un beau matin de juillet dans un célèbre quotidien du soir aura peut-être échappé à votre vigilance estivale. Si tel était le cas, permettez-moi de vous la faire connaître, car elle mérite qu'on s'y attarde.

Mais avant cela, et afin d'entretenir un léger suspense, faisons un petit retour en arrière. Dans un précédent billet d'il y a quelques lustres (de février 96, comme le temps passe !), il était question d'hommes de science qui avaient réussi à produire en laboratoire quelques bribes d'antimatière issue de la collision d'antiparticules d'antiprotons et d'antiélectrons. Et il n'en fallait guère plus pour envisager la production d'antiélectricité et la création d'antilumière. Désormais, nous allions pouvoir répondre à toutes les fantaisies de nos réalisateurs préférés et, ainsi, concrétiser nos rêves lumineux les plus fous. Lequel d'entre nous n'avait-il pas, un jour, été confronté à l'épineux problème du célèbre " Extérieur nuit sans lune " ? Alors, les fées antiélectricité et antilumière ne venaient-elles pas, d'un coup de baguette magique, dérouler pour nous un parterre de vers luisants ou plutôt faire virevolter, en stationnaire au-dessus de nos têtes, des nuées de lucioles ?

Il nous avait fallu une sérieuse pirouette pour oublier cette douce chimère, en étant bien conscient que nos savants, inéluctablement, n'allaient pas s'arrêter en si bon chemin !

Ce qu'ils ont fait. A l'orée du troisième millénaire, le Rubicon de la lumière vient d'être une nouvelle fois franchi.

C'est donc au beau milieu de cet été maussade que l'étonnante nouvelle a été annoncée, tout d'abord dans les pages de la revue Nature, puis reprise par le journal Le Monde : " Des chercheurs étaient parvenus à surmonter l'ultime barrière, la vitesse de la lumière !" C'est ainsi qu'était réduite à néant la théorie de la relativité d'Einstein et le " principe de causalité " selon lesquels on ne peut aller plus vite que la lumière (et, par la même occasion, que la musique..., NDLR). Car en dépassant cette limite, on a toutes les chances de se trouver en face du paradoxe dit " du grand-père ", un classique de la science-fiction : un astronaute voyageant à bord d'un vaisseau spatial supraluminique (dont la vitesse est plus rapide que celle de la lumière) pourrait, en quelque sorte, revenir sur Terre deux générations en arrière et tuer son grand-père avant que ce dernier n'ait eu le temps de concevoir sa mère... Vaste programme !

Passons rapidement, si vous en êtes d'accord, sur le petit tour de passe-passe " atomique " qui permet à une onde lumineuse, et à la lumière, de se propager dans un milieu dont l'indice de réfraction est inférieur à celui du vide à une vitesse supérieure aux fameux 300 000 kilomètres par seconde. Et un Alka-Seltzer, un ! Pour être bien compris, Le Monde cite, à quelques détails près, comme exemple les cyclistes qui courent le Tour de France à la vitesse de la lumière et dont le gagnant de l'étape n'est autre, précisément, que celui qui est sur le point d'être recueilli par la voiture-balai...

Sans être extralucide, on devine tout de suite que cette géniale découverte est promise au plus bel avenir. De là à imaginer un nouvel outil qui va, et pour de bon, révolutionner le petit monde dans lequel nous gravitons, il n’y a qu’un pas... Bon, si l’on part du principe qu’on a emballé sous vide une équipe entière de tournage, chose pas si simple avouons-le, la belle affaire... Pensez donc ! Un projecteur qui éclaire avant même qu’il ne soit allumé... Fini le temps perdu à fignoler les éclairages. Oubliées les petites phrases qui chagrinent du genre : " Mais qu'est-ce qu'on attend ? Ah ! la lumière ! Ton petit quart d'heure, c’est des minutes de coiffeur ou quoi ?… ". Du temps précieux soustrait à la mise en scène ? Balivernes que tout cela ! Et puis, enfin des hommes heureux, nos chers électriciens, de pouvoir installer ces petits joujoux supraluminiques qui projettent une ombre plus vite qu'ils n'éclairent ! Si elle n'a pas encore fait les gros titres des gazettes spécialisées, ce qui ne saurait tarder, cette découverte va sans nul doute faire du bruit dans le Landernau du " cinéma global " et du côté des adeptes de sa " nouvelle économie ". Suivez-moi bien…

Où l'on sent d'ici, profitant d'une aubaine qu'ils n'attendaient pas, nos producteurs nouveaux - sachant compter - se frotter énergiquement les mains, nos réalisateurs - du moins les plus pressés d'entre eux - se hâter de terminer leur film sans même avoir donné le premier tour de manivelle, nos directeurs de la photographie, une dernière petite larme perlant au coin de leur regard, ranger dans leur valise cellules et verre de contraste sans que le moindre matériel n'ait été sorti du camion ni que le plus petit éclat n'ait brillé dans l'œil des comédiens, et, j’en finirai par eux, nos plus fervents partisans du " tout numérique en temps réel ", un tantinet penauds de s'entendre traiter, fort joliment mais assez prosaïquement, d'enfants de chœur, retourner dare-dare à leurs puissantes machines avant même d’avoir eu le temps de dire ouf, mais rêvant, tout haut et en mégabits, au dernier " upgrade " qui pourrait les ramener bien vite dans la cour des grands...

Fiction…, vous avez dit fiction… Décidément, mon cher cousin, on n'en finira donc jamais avec ce satané progrès !

Supraluminiquement vôtre.

Post-scriptum estival mais aussi " volatile " (tout en plumes, pattes et sot-l'y-laisse !) et qui n'a rien à voir, si ce n’est une idée toute relative de la notion de vitesse.

A lire ci-dessous un dialogue, authentique, extrait d'une boîte noire, virtuelle celle-là, et paru dans un autre numéro du même journal du soir, peu après l'accident du Concorde, prouvant, s’il n’en était besoin, que de tout événement dramatique une pointe d’humour peut naître parfois à l’insu de ceux qui le commentent. Attention ! âmes sensibles, s'abstenir…

" - Le journaliste (du Monde) : L'ingestion de débris par les moteurs pourrait-elle expliquer leur panne ?

- André Turcat (pilote d'essai du Concorde de 69 à 75) : Les moteurs sont prévus pour résister à l'intrusion de corps étrangers plausibles. L'un des tests réalisés au banc d'essai pour le vérifier consiste à projeter dans le réacteur en fonctionnement un poulet calibré mort propulsé à la vitesse de 600 km/h. Cette épreuve, dite du canon à poulet, est parfaitement normalisée et le poids requis pour le volatile a été calculé afin d'être représentatif de l'impact de différents types d'oiseaux (corbeaux, éperviers…)

- Le journaliste : Pourtant l'ingestion d'oies sauvages a déjà provoqué la perte de deux moteurs à l'atterrissage d'un Concorde aux Etats-Unis…

- André Turcat : La taille de ces volatiles dépasse la norme de digestion des moteurs (…). "

Et deux Alka-Seltzer ! Ça fera deux au nombre !

Festivals

Le 26ème Festival de Deauville se déroule du 1er au 10 septembre. Woman on Top de Fina Torres, éclairé Thierry Arbogast, et Steal this Movie de Robert Greenwald, éclairé par Denis Lenoir, y sont projetés dans la section Panorama.

Le 25ème Festival de Toronto présentera, du 7 au 18 septembre, plus de 200 films du monde entier. La France n’a pas été oubliée puisque les festivaliers pourront voir, entre autres, Capitaines d’avril de Maria de Medeiros, éclairé par Michel Abramowicz, Kippour d’Amos Gitaï, éclairé par Renato Berta, Sade de Benoît Jacquot, éclairé par Benoît Delhomme, Les Destinées sentimentales d’Olivier Assayas, éclairé par Eric Gautier, La Veuve de Saint-Pierre de Patrice Leconte, éclairé par Eduardo Serra.

Plusieurs films éclairés par des membres de l’AFC sont présents à la 57éme Mostra de Venise, dont le jury est présidé par Milos Forman.

En compétition, Palavra e Utopia de Manoel de Oliveira, photographié par Renato Berta et Selon Matthieu de Xavier Beauvois, photographié par Caroline Champetier. Hors compétition, Merci pour le chocolat de Claude Chabrol (membre du jury), photographié par Renato Berta. Dans la section " Cinema del presente ", Samia de Philippe Faucon, photographié par Jacques Loiseleux, et enfin, dans la section " Sogni et Visioni ", Sade de Benoît Jacquot, photographié par Benoît Delhomme.

Le 54ème Festival international du film d’Edimbourg Dans la section " British ", figuraient Daybreak de Bernard Rudden, photographié par Jean-Jacques Bouhon et Miss Julie de Mike Figgis, photographié par Benoît Delhomme.

La section " Rosebud " présentait La Vie ne me fait peur de Noémie Lvosky, cophotographié par Agnès Godard et Bertrand Chatry et la section" Director’s Focus " Gouttes d’eau sur pierres brulantes de François Ozon, photographié par Jeanne Lapoirie.

La rencontre intitulée " Real Life " fut l’occasion pour Darius Khondji de parler de son travail.

çà et là

Cinéphiles, cette information vous intéresse : selon une étude de deux physiciens américains, les docteurs Kramer et Lobkovski, le bruit provoqué par le spectateur qui déplie un papier de bonbon n'est pas proportionnel à la vitesse à laquelle il essaie d’extraire ledit bonbon de son contenu. Conclusion, dépliez le papier aussi vite que vous le pouvez ou avalez le bonbon et son papier, mais finissons-en !

La Maison du Cinéma n'existera qu'en 2001, mais vous pouvez déjà la visiter sur Internet : www.maison-du-cinéma.com

Retrouvez le dossier complet sur l'opération " 100 films pour l'an 2000 " sur un site établi par le ministère des Affaires étrangères :

www.cinéma.diplomatie.fr/culture/France/cinéma/

Certains d’entre nous connaissaient peut-être Alexandre Verdié, jeune opérateur de court métrage et de film d’entreprise.

Il est décédé en août dernier lors d’un accident d’hélicoptère pendant un tournage dans l’Aveyron. Nous nous associons à la peine de ses proches.

formation

L’APELL, Association de promotion de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, nous communique :

Les étudiants de l’APELL souhaitent mettre en place en collaboration avec la direction de l’Ecole, les professeurs et les membres de l’AFC des journées de rencontre durant lesquelles des directeurs de la photo viendraient partager leur savoir faire et leur expérience avec les élèves de 3ème année de la section Image.

Ce même type d’événement a déjà été organisé par l’AFTRS, l’Ecole de cinéma de Sydney, avec le soutien de Kodak, et des personnalités telles que Denis Lenoir ou encore Donald Mac Alpine y ont participé. De même, l’APELL, en mettant en place ces rencontres, souhaite qu’elles aident, d’une part les élèves à améliorer leurs connaissances du travail de chef opérateur à travers cette expérience partagée, d’autre part qu’elles servent à la promotion de l’Ecole.

L’évènement se déroulerait dès cette année scolaire 2000-2001 sur quelques jours, deux fois dans l’année entre décembre et mars. Son financement serait partagé entre l’APELL et l’Ecole.

A l’instar de L’Aftrs, cette rencontre pourrait consister principalement en un travail personnel de la lumière par deux chefs opérateurs invités, évoluant successivement avec un groupe de huit élèves, sur un scénario et un découpage préalablement écrits.

La mise en scène serait prise en charge par un professeur de l’Ecole ; le tournage serait précédé d’un temps de préparation et suivi d’une étape de visionnage et d’étalonnage avec les opérateurs invités. Un " making of " et un TC seraient réalisés pour conserver une trace de ces travaux. La rencontre pourrait s’achever sur une projection d’un film suivie d’un débat avec les élèves.

Si une première mouture de la mise en œuvre de ce projet s’avérait fructueuse, elle pourrait déboucher sur un autre type de rencontres entre un directeur de la photo et un réalisateur, mettant ainsi en avant le fruit de leur collaboration.

L’APELL est heureuse que cette initiative coïncide avec les souhaits de rapprochement avec les écoles qu’a exprimés le nouveau président de l’AFC. A très bientôt donc.

Si vous êtes intéressés par ce projet, vous pouvez contacter :

pour l’APELL

Alexis Lambotte, étudiant

Tél. : 06 72 08 98 17

ou 01 53 41 09 63

et pour L’AFC

Jean-Noël Ferragut.

la CST

Lors de sa dernière réunion, le Conseil d'Administration de la CST a procédé à l’élection des membres de son nouveau Comité d’administration. Ont été élus :

Président, Christian Hugonnet, ingénieur acousticien

Vice-Président chargé du secteur administratif et financier ayant fonction de trésorier, Jean-Pierre Neyrac (suppléant, François Helt)

Vice-Président chargé des Relations Extérieures, François Cohen-Séat (suppléant, Alain Villeval)

Vice-Président chargé des Relations avec le Comité de Programmes, Jean-Marc Laubin (suppléante, Françoise Duclos)

Secrétaire chargé des Relations avec les Services permanents, Alain Marchal (suppléant, Manuel Téran).

avant-première

Kippour, d'Amos Gitaï photographié, par Renato Berta.

" C’est le quatrième film que je fais avec Amos, après Devarim, Yom Yom et Kaddosh.

Kippour est un scénario qui s’appuie sur un événement qu’Amos a vécu quand il avait vingt ans.

Lors de la guerre du Kippour en 73, les Egyptiens et les Syriens ont attaqué Israël. Amos faisait partie d’une équipe de sauvetage. Après plusieurs interventions, l’hélicoptère avec lequel les blessés étaient transportés a été frappé par une roquette syrienne. Un des deux pilotes fut tué sur le coup, le deuxième pilote a réussi un atterrissage en catastrophe juste derrière la ligne de front du côté israélien.

Tous les Israéliens ont vécu au moins une guerre ; le travail avec les comédiens a donc commencé avec un certain niveau de connaissance quant aux manipulations des armes pour ne citer que cet exemple... Il y a eu plusieurs entretiens de travail avec des personnes qui ont vécu ces événements et bien évidemment avec l’armée pour les appuis logistiques.

Amos est un grand spécialiste pour " provoquer " des situations et... pour nous filmer !

Nous avons filmé des scènes d’action à plusieurs caméras, un peu comme un documentaire, sans savoir exactement ce qui aller se passer : à la guerre comme à la guerre ! Nous nous sommes laissé transporter par ce qui se passait devant la caméra en filmant les gens et pas trop le côté " spectaculaire " de la guerre ! Le premier contact avec le front a été filmé de l’intérieur d’une voiture !

Amos fait suffisamment confiance à l’opérateur pour que celui-ci puisse prendre des risques techniques insensés ; on retrouve à l’écran une " vérité " rare, exprimée par des plans assez longs ; je pense en particulier à un sauvetage dans la boue qui se termine avec la mort du blessé. Cette scène fut " provoquée " lors d’une journée de pluie et de brouillard et nous avons été dans l’impossibilité de faire atterrir les hélicoptères : elle ne figurait pas au scénario.

Nous avons utilisé pendant ces cinq semaines et demie de tournage deux Panaflex et une Aaton 35, deux zooms Primo 17.5/75 mm et 24/275 mm et une série Primo de chez Alga Panavision Paris.

Nous avons tourné sur négatif Kodak, développé à Cinecittà (très beau travail) et les finitions et les copies sont effectuées chez LTC. "

Lundi 11 septembre à 20 heures au Cinéma des Cinéastes

7, avenue de Clichy 75017 Paris

films AFC sur les écrans

Damned ! s'écria-t-on au bureau, des films AFC nous ont encore échappé en juillet et en août !

2ème quinzaine de juillet de Christophe Reichert, photographié par Yves Cape.

Les Autres filles de Caroline Vignal, photographié par Jeanne Lapoirie.

Les Frères sœur de Frédéric Jardin, photographié par Laurent Machuel.

Amazone de Philippe de Broca, photographié par Jean-François Robin.

Le Sens des affaires de Guy-Philippe Bertin, photographié par Carlo Varini.

Films AFC prévus en septembre :

Esther Khan d'Arnaud Desplechin, photographié par Eric Gautier (Sélection officielle Cannes 2000).

" Londres, les années 1890. Esther vit dans les quartiers pauvres du East End avec ses parents, son frère, ses sœurs.

Qu’est-ce qui vaut la peine d’être vécu ? Les autres existent-ils vraiment ?

Sa quête passera par le monde du travail, les questionnements sur la religion, l’expérience de l’amour, et la conduira sur le chemin de la scène, des théâtres.

Pas de psychologie dans ce film, mais des faits - à la façon de L’Enfant sauvage de Truffaut ; mais aussi de la sensualité, inspirée par Monika de Bergman.

L’obscurité est propice à la révélation de la frontière entre la vie et la mort. Les journées londoniennes sont sombres en hiver. La nuit est très présente, avec ses mélanges de sources lumineuses (lampes à huile, à pétrole, au gaz, les bougies, le début de l’électricité) au cœur des quartiers pauvres sombres et des quartiers riches flamboyants, et surtout dans les différents théâtres de l’histoire d’Esther : du théâtre yiddish très populaire du début aux théâtres intellectuels où s’expérimente la mise en scène moderne (de Shakespeare à Ibsen, le contemporain) en passant par les théâtres du type " Grands Boulevards " du Strand.

J’ai essayé de décliner les tonalités chaudes, rouge et or de ces lumières, dans toute leur diversité. "

Fast Food, Fast Women d’Amos Kolleck, photographié par Jean-Marc Fabre (Sélection officielle Cannes 2000).

" Réalisateur Israélien, (il est le fils du premier Maire de Jérusalem), Amos Kolleck est aussi l’auteur de Sue perdue dans Manhattan et Fiona.

Entièrement tourné à New York, où le réalisateur a vécu, ce film est tout d’abord une comédie, très humaine, très juste, mais aussi très farfelue. C’est de plus un film d’acteurs qui se croisent et dont les histoires se développent en parallèle au gré des rencontres.

Film indépendant et atypique, nous avons tourné en décor naturel avec beaucoup d’extérieurs, pendant 6 semaines, à raison de 12 heures par jour. Tournage dense mais par ailleurs très riche sur le plan humain.

La production française, Celluloïd Dreams, plutôt spécialisée dans la vente de films, avait auparavant produit le film de Jean-Pierre Limosin, Tokyo Eyes, dont j’avais fait l’image.

Fast Food, Fast Women n’a bénéficié d’aucun préachat de la part des chaînes de télévision, ce qui lui a apporté une certaine liberté et une certaine particularité, ressenties aussi bien au tournage que sur l’écran. De plus, ce film est distribué par trois sociétés européennes, française, italienne et allemande.

Les acteurs, Anna Thomson, Louise Lasser, Jamie Harris, Victor Argo ont été dirigés par Amos Kolleck avec intelligence et justesse. Anna Thomson que l’on trouvait déjà dans Sue perdue dans Manhattan et Fiona travaille aussi occasionnellement en France, on l’a vue notamment dans le film de François Ozon, Gouttes d’eau sur pierres brûlantes.

La mise en scène de Fast Food, Fast Women est très classique, mais le montage suit le rythme du récit.

Je suis arrivé à New York avec un machino français, le reste de l’équipe étant locale. J’avais déjà rencontré le premier assistant opérateur sur le film de Virginie Wagon, Le Secret, dans lequel il servait d’interprète !!!

Le choix du 35 mm, imposé par la production, s’est révélé très intéressant car il contrebalance le côté " manque de moyens " que le film aurait pu avoir.

Nous avons utilisé le matériel pris sur place : une Arri 535, une série Zeiss grande ouverture. La pellicule Kodak 5274 (Tungstène 200) n’a subi aucun traitement particulier. J’ai recherché un rendu lumineux, chaud et clair, telle qu’était la ville au moment du tournage. Le développement s’est effectué à New York chez Technovision, en revanche la postproduction s’est faite chez Eclair, l’étalonneur étant David Rocher. Nous visionnions les rushes en VHS ! ! ! "

Les Rivières pourpres de Mathieu Kassovitz et Woman on Top de Fina Torres, photographiés par Thierry Arbogast.

Ce quatrième film de Mathieu Kassovitz est un policier interprété par Jean Reno, Vincent Cassel et Nadia Farès. C’est surtout un film d’action avec beaucoup de cascades et de bagarres. La lumière dans les scènes de poursuites de voitures dans la nuit s’appuie essentiellement sur les phares, dans d’autres scènes ce sont les torches électriques qui éclairent le plan. Nous avons tourné une grande partie du film dans la région de Chamonix à 3000m d’altitude. Le matériel et l’équipe ont été amenés sur le décor par hélicoptère (il y avait parfois jusqu’à 15 rotations d’hélico par jour, surtout lorsqu’il a fallu y apporter la Technocrane !). Dans les grottes de glace il y avait pas mal de recoins, de galeries et j’ai pu éclairer la glace de l’intérieur.

Ce film, aux ambiances sombres, au climat pesant est aux antipodes du film de Fina Torres Woman on Top une comédie gaie, lumineuse et très colorée. Nous avons tourné huit semaines au Brésil (décor naturel et studio) et une semaine et demi à San Francisco (où il a fallu " raccorder " ce qui avait été tourné en studio au Brésil avec les extérieurs à San Francisco). Petit budget, plan de travail très chargé, beaucoup d’heures, ce film fut assez dur physiquement. Alors que le scénario paraissait assez mince au départ, Fina Torres en a fait un film réjouissant. L’équipe était entièrement brésilienne à part Philippe Chiffre pour la déco et Elisabeth Tavernier pour les costumes.

Ces deux films ont été tournés en Panavision avec des Primo anamorphiques. Le matériel pour Les Rivières pourpres était loué chez Alga et Transpalux, laboratoire Eclair et pellicule Kodak. Pour Woman on Top, nous avons tourné sur de la Fuji et c’est Yvan Lucas qui l’a étalonné.

Kippour d'Amos Gitaï, photographié par Renato Berta.

Deuxième vie de Patrick Braoudé, photographié par Philippe Pavans.

Le Glandeur de Jean-Pierre Mocky, photographié par Edmond Richard.

Bertrand Chatry nous parle du premier long métrage qu’a éclairé Brigitte Barbier qui, n’étant pas (encore !) membre de l’AFC, fait pourtant bien partie de la famille !

Retour à la vie de Pascal Baeumler, ancien assistant de Claude Berri, avec Emmanuelle Laborit, Alain Bashung et Marisa Berenson est un thriller psychologique à huis clos qui alterne des scènes très violentes mais imaginaires, des scènes douces et réelles et de terrifiants cauchemars.

Il y a un ton très étrange dans ce film, dû essentiellement à la présence d’Emmanuelle Laborit qui joue une " Louise " sourde étonnante flirtant avec la folie et s'imaginant des choses abominables.

La photo, plutôt " classique ", sert admirablement l'histoire et nous y accroche vigoureusement.

Brigitte a utilisé une Moviecam Compact équipée de Zeiss T 2.1 et de la Kodak 5246, de la 5279, et un peu de 5289 pour certains extérieurs nuit tournés sans lumière. Laboratoire : Eclair ; étalonneur : Jean-Louis Alba. Effets spéciaux : Christian Guillon de L’EST. "

nos associés

Fuji

Etats Généraux du Film Documentaire, Lussas, 20-26 août 2000

Fujifilm et le Syndicat des Producteurs Indépendants se sont associés pour organiser à Lussas un rendez-vous autour du thème " Produire en Région ". De nombreux " décideurs " des chaînes de télévision régionales et nationales ont pu, au cours d’un dîner, rencontrer les producteurs d’un secteur dispersé et disparate.

Lauréats

A l’occasion des16èmes Rencontres Cinéma de Gindou (Lot), Olivier Bardy a reçu le prix d’aide à la création, d’un montant global de 45 000 francs, pour son scénario de court métrage Fallait pas buter Mémé.

Le prix Fuji du 23ème Festival du court métrage en plein air de Grenoble a été attribué à Hugues Poulain pour son film Tokyo en Bolex et Karine Blanc a obtenu la Bourse d’aide à la réalisation, soutenu par le conseil général, Ex Machina et, pour la première année, Fujifilm, avec son scénario Moi, à ta place.

Lumière sur les chefs opérateurs

Fujifilm est partenaire de " Lumière sur les Chefs Opérateurs " (du 9 au 17 septembre au Forum des images), pour plus d’informations, n’hésitez pas à appeler Christophe ou Sandrine au 01 47 20 76 90 (Voir plus haut dans la rubrique Activité AFC).

Septembre entre Saint-Tropez et Biarritz

Du 14 au 16 septembre se déroule à Saint-Tropez la deuxième édition du Festival de la Fiction TV.

L’occasion de mettre en valeur le travail de ceux et celles qui font les beaux jours de la télévision française.

Rendez-vous place des Lices le samedi après-midi, pour un concours de pétanque entre vedettes du petit écran et tropéziens détendus.

La Cita, du 25 septembre au 1er octobre

Fujifilm sera également présent à Biarritz au Festival consacré aux Cinémas et Cultures de l’Amérique latine.

Fuji Tous Courts, vive la rentrée !

Prochaine séance mardi 19 septembre au Cinéma des Cinéastes à 18h15. Au programme :

Merci Madame Iracema ! de Georges Bourely, image d’Eric Peckre

Shlak de Cécile Arnal et Jean-Louis Laval, image de Tessa Racine

La Confiture aux cochons de Frédéric Jolfre, image de Denis Gravouille

La Jeune fille et la tortue de Stéphane Ly-Cuong, image de Brigitte Barbier.

Kodak

L'Espace Cinéma Kodak fait peau neuve

Depuis le 24 mai 2000, l’Espace Cinéma Kodak est équipé d’un nouveau projecteur 35 mm ainsi que des sons Dolby SR et SRD. Situé au sein de notre siège social au 26, rue Villiot, Paris 12ème, l’Espace Cinéma Kodak est une salle de projection 16 et 35 mm de 140 places qui est mise gracieusement à la disposition des réalisateurs de courts métrages pour leurs avant-premières.

Avec plus de 15 000 spectateurs en 1999, l'Espace Cinéma Kodak est le premier lieu en France de diffusion de court métrage en salle. Projection : chaque mardi et jeudi sauf en juillet et août. Pour vous inscrire, merci de vous rapprocher d’Anne-Marie Servan au 01 40 01 46 15.

Kodak, fournisseur officiel de la A-Minima d’Aaton

La plus légère caméra Super 16 au monde (2 kg, film inclus) utilise exclusivement des films Kodak.

Kodak propose les pellicules suivantes conditionnées en magasin de 61 mètres (6 minutes d’autonomie) : 7245, 7246, 7248, 7274, 7277, 7279. Il est recommandé de les réserver le plus tôt possible avant le tournage. Rappelons que la définition du 16 mm est largement supérieure aux plus exigeantes normes de diffusion de la Télévision Haute Définition. Ce qui fait dire à Aaton que la A-Minima est le plus petit des caméscopes HD.

Site internet d’Aaton : www.aaton.com

Kodak Hollande arrive sur le web

Depuis juillet dernier, la Division Cinéma et Télévision de Kodak Hollande a investi la Toile.

Vous trouverez sur www.kodak.nl/go/cinema les coordonnées de vos contacts Kodak en Hollande, des liens locaux, des nouveautés... Ce site est idéal pour préparer vos tournages en terre batave.

Vous pouvez toujours nous retrouver sur notre site français :

www.kodak.fr/go/cinema

Les positives Kodak abandonnent le " remjet "

Kodak Vision Color Print Film 2383 et Kodak Vision Premier Color Print Film 2393 sont désormais couchées sur une base polyester sans " remjet ". De ce fait, le prébain peut être supprimé. Le traitement utilisé est l’ECP-2D qui permet des économies de chimie et d’eau pour les laboratoires.

Des emballages qui respectent la nature

Nos pellicules positives - conditionnées dans notre usine de Chalon pour servir la plupart des laboratoires européens – sont désormais sous emballages plastiques " CML " réutilisables. Ainsi, les traditionnels emballages en carton sont supprimés, ce qui permet de limiter les nuisances induites sur l’environnement.

Ex Machina a déménagé et regroupe toutes ses activités (hors laboratoire film) à l’adresse suivante : 4, rue du Port 92562 Clichy Cedex. Tél. : 01 41 06 90 90, Fax : 01 47 39 26 95.

E-mail : info@exmachina.fr

Site Internet : www.exmachina

Mikros Image : l'été a été chaud...

Les équipes de Mikros ont travaillé tout l'été sur les longs métrages de Mathieu Kassowitz et de Jean-Jacques Beineix, éclairés respectivement par Thierry Arbogast et Benoît Delhomme.

Les Rivières pourpres, réalisé par Mathieu Kassowitz, est produit par Légende Entreprises et Gaumont. Christian Guillon de L'EST, chargé de la direction des effets spéciaux du film, a réparti la quarantaine de plans à truquer entre Mikros Image, Eclair numérique et L'EST. Les équipes de Mikros Image ont largement contribué à l'effort en intervenant sur la majorité des plans. Krao a supervisé tout le travail des effets spéciaux, Nicolas Rey et Jean-Baptiste Lere ayant travaillé avec leur équipe sur toute la partie 3D. C'est la première fois en France, que l'on crée des effets spéciaux atmosphériques pour un long métrage (chute de poudreuse, coulée de neige, avalanche).

Mortel transfert, réalisé par Jean-Jacques Beineix - sortie prévue à la fin de l’année - est produit par Cargo Film. Frédéric Moreau d’Eclair est en charge de la supervision des effets spéciaux. Il a confié à Mikros la trentaine de plans à truquer. Pascal Laurent a supervisé le tournage et les effets spéciaux avec Hugo Allart qui, lui, gérait la coordination de la 3D. Un impressionnant travail de 3D et de nombreux matte-paintings créés par Christophe Courgeau ont été réalisés chez Mikros.

Transvideo annonce le CineMonitor II.

Le CineMonitor II est un nouvel écran à matrice active destiné à l'industrie du film. Réalisé en aluminium avionique, ce produit est destiné aux applications les plus difficiles. Il s'agit d'un écran de 6 pouces équipé d'une matrice active à grand angle de vision et haute luminosité. Le moniteur permet d'afficher les formats 4/3, 16/9, 16/9 avec marqueurs 14/9 (1,66) et 2,35.

Il possède des fonctions évoluées telles que le gel d'image ou le " monitoring " de la tension d'alimentation. Sa plage d'alimentation va de 9 à 36 V en continu et le rend de ce fait compatible avec toutes les caméras du marché.

Le CineMonitor II sera officiellement introduit lors du Cinec (Munich 16-18 septembre, stand K360).

Transvideo présentera également une nouvelle version de son moniteur 8,4 pouces.

Les membres de l'AFC qui souhaiteraient évaluer ce produit sont les bienvenus, merci de contacter Nadège au 02 32 32 27 61 ou par e-mail

nadege@transvideo.fr

La rédaction de la Lettre s’est permis la familiarité d’incruster dans l’écran du CineMonitor II un petit souvenir, en l’occurrence un portrait, de notre confrère Luciano Tovoli pris cet été lors d’une rencontre amicale organisée pendant son séjour parisien à l’occasion du tournage du film de Francis Weber dont il dirigeait la photographie. Grazie mille, Luciano !

revue de presse

L’ARP, l’Association des auteurs, réalisateurs, producteurs, a élu, le 4 juillet dernier, le réalisateur Patrick Braoudé à la présidence de l’association. Il succède à Pierre Jolivet, qui devient vice-président de l’ARP, aux côtés de Claude Lelouch et Jean Marbeuf.

Gilles Jacob, délégué général du Festival international du film de Cannes, en a été nommé président lors du conseil d’administration du 3 juillet. Il succède à Pierre Viot, qui a été élu, à l’unanimité, président d’honneur.

Le Monde, 8 juillet 2000

Dans une " conversation à quatre " autour des Destinées sentimentales, Olivier Assayas évoque, avec son coscénariste Jacques Fieschi, son chef opérateur Eric Gautier et Emmanuelle Béart, la modernité du roman de Chardonne.

Eric précise, entre autres, qu’ " un scénario est un indicateur technique qui énumère les événements. Le retour au livre était indispensable pour percevoir les arrières plans. [Il n’a] cessé de relire le livre en fonction de [ses] conversations avec Olivier ". Il ajoute aussi qu’il " n’a pas cherché à reconstituer des lumières de l’époque, mais à rendre perceptible l’écoulement du temps… Bonnard, Vuillard, Vallotton sont les vrais contemporains de Chardonne. Il y a une connivence entre leurs styles qu’[il a] essayé de retrouver dans la texture du film. "

Le Monde, 12 juillet 2000

A l’occasion de la représentation de Médée, d’Euripide, le 16 juillet dernier dans la Cour d’honneur du palais des papes en Avignon, l’acteur Pierre Santini, devant Lionel Jospin qui assistait au spectacle, a pris brièvement la parole pour défendre la cause des intermittents, ces " dizaines de milliers de professionnels du spectacle vivant, du cinéma et de l’audiovisuel ", qui redoutent que le Medef " démantèle l’assurance-chômage en la remplaçant par un reclassement obligatoire des salariés privés d’emploi dans des conditions particulièrement nuisibles pour tous ceux qui exercent leurs métiers sur la base de contrats à très courte durée ".

" Le spectacle vivant ne peut lui-même vivre sans l’intermittence " a répondu Lionel Jospin. " Soyez certains que le gouvernement entend bien garantir son avenir ", a-t-il conclu après avoir rappelé que " la mise en place par la loi, en 1998, d’un fichier pour la protection sociale des intermittents embauchés par des entrepreneurs occasionnels constitue d’ores et déjà un progrès ".

Libération, 17 juillet et Le Monde, 18 juillet 2000

Des conflits sociaux menacent Hollywood. Alors qu’une grève des acteurs sur les tournages de spots publicitaires se déroule depuis le 1er mai, les scénaristes et tous les acteurs menacent de faire grève en 2001, à l’expiration de leurs contrats… La dernière grande grève des scénaristes avait duré vingt-deux semaines en 1988.

Les membres de la Screen Actors Guild (SAG) et de l’American Federation of Television and Radio Artists refusent le système de cachet forfaitaire pour la rémunération des spots diffusés sur les chaînes câblées… Au bout de trois mois de cette grève qui est suivie comme une répétition générale à des conflits sociaux de plus grande envergure, (en effet les accords négociés par la Screen Writers Guild expirent le 1er mai 2001, et ceux de la Screen Actors Guild, le 1erjuillet 2001), Hollywood craint une pénurie de produits et met les bouchées doubles… Un producteur a même avoué : " Il est certain que ça sera très difficile de trouver un bon chef opérateur en ville en mars prochain ! "…

Mettez à jour passeports et vaccins (NDLR).

Le Monde, 23 août 2000

UGC, Pathé, Gaumont et les autres… Cinq mois de bataille.

Petit résumé des faits et gestes.

29 mars. Lancement à Paris de la carte UGC illimitée : un abonnement annuel de 98 francs par mois offre au spectateur l'accès non-stop à toutes les salles du réseau national.

26 avril. Catherine Tasca saisit, pour avis, le Conseil de la concurrence.

9 mai. UGC, à la demande de la ministre, suspend provisoirement la commercialisation de sa carte.

18 mai - 19 juin. Plusieurs exploitants parisiens (dont Marin Karmitz) saisissent le Conseil de la concurrence d'une plainte pour pratiques anticoncurrentielles, en demandant l'interdiction immédiate, à titre conservatoire, de la carte.

25 juillet. Le Conseil de la concurrence estime que des délais sont nécessaires pour évaluer les pratiques incriminées et refuse, en attendant, les mesures conservatoires.

26 juillet. Catherine Tasca, menace UGC d'une procédure de sanction si la carte est recommercialisée.

27 juillet. UGC reprend la commercialisation.

2 août. A Nantes, Pathé sort une carte " Ciné à volonté ", valable localement, aux mêmes conditions que la carte UGC. Dans la foulée, Gaumont s'aligne, en sortant une carte nantaise.

31 août. Marin Karmitz, PDG de MK2, annonce qu'il sortira " en septembre " sa propre carte... sans apporter plus de précisions.

UGC ressort sa carte, Tasca menace. Le Conseil de la concurrence, lui, préfère laisser faire. "

Le Conseil de la concurrence ne voit pas de raison, pour le moment, d'interdire la carte UGC illimitée, mais... Catherine Tasca, la ministre de la Culture, promet, elle, des sanctions à l'égard du circuit s'il reprend la commercialisation de sa carte en l'état ! Ce qu'UGC a décidé de faire dès aujourd'hui.

Regrets des indépendants... La remise en circulation de sa carte par UGC a d'ailleurs suscité dès hier les " vifs regrets " de l'AFCAE (l'Association française des cinémas d'art et d'essai) et de l'ARP (Auteurs réalisateurs producteurs). Le circuit s'est appuyé, pour ce faire, sur la décision du Conseil de la concurrence, qui n'a pas estimé (contrairement à ce que lui demandaient les exploitants des enseignes MK2, Sept Parnassiens, Cinq Caumartins et Elysée Lincoln) de prononcer des " mesures conservatoires " à l'encontre de la carte illimitée.

Sur le fond, en revanche, le Conseil n'a pas " exclu " qu'UGC puisse être en situation de position dominante. Ni que la commercialisation de sa carte présente " le caractère d'une vente à un prix prédateur " susceptible d'être sanctionnée... Mais, il a estimé que l'appréciation des faits et des chiffres demandait un recul nécessaire. (...)

Catherine Tasca montre maintenant les dents : " Le ministère ", dit son communiqué, " a pu constater les manquements de la formule UGC illimitée au code de l'industrie cinématographique, qui prévoit notamment un lien direct entre le prix du billet et la remontée des recettes aux ayants droit. Il a donc décidé d'engager une procédure de sanctions à l'encontre de la société. " (Ange-Dominique Bouzet)

Libération,19 juillet 2000

UGC en voie de succès illimité : La "carte orange du cinéma" chamboule le secteur de l'exploitation. "

Le Miramar, salle indépendante de Montparnasse, est-il sur le point de s'ouvrir aux spectateurs munis de la carte UGC illimitée - qui vient tout juste d'enregistrer son 100 000ème acquéreur ? Et, avec lui, les autres fleurons du groupe Rytman que sont le Bretagne, le Bienvenue, les Montparnos et le Mistral ? Cette rumeur, qui court depuis plus d'une semaine, semble reposer sur des sources sûres, bien qu'elle ne soit pas entérinée par Benjamine Radwanski, la propriétaire des cinémas concernés, injoignable. S'il se confirme, son ralliement à la carte UGC va rendre la formule encore plus attractive, tout en ouvrant une brèche spectaculaire dans les rangs de ses opposants… (...)

Et Maintenant ? Obtenir le retrait de la carte " illimitée "? On y croit de moins en moins. Le CNC, comme annoncé par la ministre, a bien engagé une procédure, nécessitant, entre autres délais, une " commission " d'examen fixée à mi-septembre. Le manque de " transparence " reproché à la carte (pas de prix indiqué " au ticket ", ce qui gêne le calcul de l'assiette fiscale et de la part de recettes revenant aux ayant droits sur chaque entrée) est en théorie passible de sanctions lourdes. Mais l'arsenal réglementaire du CNC est-il en accord avec l'évolution de la législation sur les prix? Surtout, le gouvernement est-il prêt à prendre des mesures peu populaires en période préélectorale? (A.-D. Bouzet)

Libération, 4 septembre 2000

 

Place Vendôme bien positionné à New York.

Après la Fille sur le pont de Patrice Leconte, éclairé par Jean-Marie Dreujou, et Alice et Martin de Jacques Rivette, éclairé par Caroline Champetier, un nouveau film français réussit à New York. Place Vendôme, de Nicole Garcia, éclairé par Laurent Dailland, réalise en effet une très bonne recette pour un film français aux Etats-Unis. Le film a enregistré pour sa première semaine d’exploitation une recette de 55 000 dollars (385 000 francs) au box office et totalise depuis 700 000 francs de recette. Place Vendôme sortira le 8 septembre à Los Angeles et gagnera à partir du 15 septembre six salles dans la région de New York.

Libération,1er septembre 2000

La Writer’s Guild rend justice aux victimes de la Liste noire. Depuis 1986, l’association américaine des scénaristes a mis en place un processus visant à amender les génériques mensongers ou tronqués de l’époque. Ce sont 14 films, réalisés entre 1951 et 1964, qui viennent de retrouver très officiellement leurs véritables scénaristes. Parmi eux, sept avaient été écrits par Dalton Trumbo.

Cahiers du Cinéma, septembre 2000

 

côté lecture

Le second volet de la revue Positif du mois de septembre consacré aux directeurs de la photographie, sous le titre " Chefs opérateurs, Enjeux esthétiques contemporains ", propose un dossier conséquent dans lequel vous pourrez lire un entretien avec William Lubtchansky et consulter le dictionnaire des chefs opérateurs français où l’on retrouve bon nombre de membres de l’AFC, en particulier le très précoce Dominique Chapuis, qui " né en 1969 ", a débuté sa carrière en 1970.

A lire, dans les Cahiers du Cinéma de septembre, un entretien avec Amos Gitaï et Renato Berta, intitulé " Organiser le chaos ", à propos de leur travail sur Kippour.

Egalement à l’honneur dans ce numéro des Cahiers, Clint Eastwood et Space Cowboys. La revue, outre un long entretien accordé par le réalisateur, a réuni trois collaborateurs du " clan " : Henry Bumstead, directeur artistique, Joel Cox, monteur et surtout Tom Stern, gaffer, qui travaille avec Clint Eastwood depuis Honky Tonk Man, en 1982 sur la recommandation de Bruce Surtees, chef opérateur dont il était alors l’assistant.